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Détails de l'évènement

Quand les enfants voyagent : Histoires, expériences et représentations des enfants voyageurs

Colloque
Date de début : 26 Mars 2026 09:00
Date de fin : 27 Mars 2026 17:00
Lieu : Angers
Organisé par : Anne-Florence Quaireau (CIRPaLL, UA) et Tom Williams (CIRPaLL, UA)

Source de l'information :

https://www.fabula.org/actualites/127357/quand-les-enfants-voyagent-histoires-experiences-et-representations-des-enfants-voyageurs.html

Ce colloque constitue tout d’abord une invitation à un travail d’archives et de recherche de documents et d’objets témoignant du voyage des enfants, dans une démarche de (re)découverte qui pourrait être rapprochée de celle qui se produisit dans les années 1980 pour les femmes voyageuses, dont l’existence même était mise en doute, jusqu’à ce que les féministes de la deuxième vague ne mettent au jour des centaines de récits et manuscrits. Des biais similaires ont mené la recherche à négliger les enfants, jusqu’aux années 1970 et à l’émergence des childhood studies. De plus, si des travaux précieux ont été réalisés sur les voyages de jeunes adultes, des aristocrates du Grand Tour (Verhoeven, 2017) aux étudiants voyageurs de l’après-guerre (Richard Ivan Jobs, 2017) et aux étudiants Erasmus (Cicchelli, 2012), l’histoire des plus jeunes demeure moins connue.

Enfin, bien que les enfants ne soient pas invisibles dans l’histoire du tourisme de masse (colonies de vacances, parcs d’attractions), d’importantes transformations ont eu lieu dans la façon dont on conçoit le voyage et les enfants, comme en témoigne la publication récente de nombreux guides pour voyager avec des enfants, comme celui de Lonely Planet, Travel with Children (2015). Ce sont les modalités, très variées, du voyage non fictif des enfants, et ses représentations, par eux-mêmes et par d’autres, que ce colloque, dans une approche interdisciplinaire, se propose d’explorer, en se penchant sur ces mobilités volontaires, si tant est qu’elles puissent l’être pour un enfant.

Axes de réflexion

Ce colloque interdisciplinaire invite les participants à mettre en lumière les voyages non fictionnels des enfants, toutes aires culturelles et époques confondues. Parmi les différentes pistes qu’on pourra envisager :

Formation/déformation. On pourra explorer la relation du voyage au rite de passage dans de nombreuses cultures, mais aussi la mettre en question. Si le voyage, à la fois en tant que dispositif et en tant que motif, est traditionnellement associé à une démarche pédagogique, voire heuristique, il peut aussi être le lieu de la dissolution de repères. Ou encore, s’il peut être l’occasion pour le jeune voyageur de se forger une identité, il peut aussi être y être façonné, et perdre ainsi son agentivité individuelle. On pourra aussi s’intéresser à la façon dont le voyage des enfants est théorisé, notamment dans les « arts de voyager » (ars apodemica), et aux débats concernant le profil du voyageur idéal.

Identité individuelle/nationale. On pourra s’interroger sur la dimension politique, voire idéologique du voyage des enfants. Culturellement associé à l’avenir, l’enfant est souvent considéré au-delà de son identité propre comme prolongement de la cellule familiale, voire nationale. On pourra ainsi étudier les voyages scolaires et pédagogiques, ou ceux réalisés dans un contexte colonial ou impérial. Qu’il voyage à l’intérieur des frontières, ou qu’il les traverse, l’enfant se sépare du foyer et de ses limites identitaires pour parfois en épouser d’autres. La confrontation à l’altérité pourra ainsi également constituer une porte d’entrée fructueuse dans le sujet.

L’individu/le groupe. L’étude de la relation de l’enfant à la cellule familiale, au groupe social, et dans le cadre du voyage aux accompagnateurs selon le contexte, pourra permettre de questionner la place de l’individu et de l’individualité dans le voyage. Quel est le degré d’agentivité de ces enfants voyageurs : dans quelle mesure participent-ils à l’élaboration du voyage, ses conditions, son tracé, son récit ? Comment le voyage est-il élaboré et vécu, dans le cas où plusieurs enfants voyagent ensemble ? Se posera également le cas échéant la question de l’écriture et de la co-création.

Innocence/expérience. A partir du XVIIIe siècle, dans le sillage de Locke et de Rousseau, l’enfant est culturellement perçu comme innocent. Le voyage étant fortement associé à l’expérience, participe-t-il d’une perte d’innocence, d’un éveil, qu’il soit de nature sexuelle, politique, identitaire…, ou au contraire permet-il à l’enfant, dans une vision rousseauiste, d’échapper, dans le cas de voyages dans la nature par exemple, à l’influence corruptrice de la société ?

Vulnérabilité/danger. On pourra s’attacher à la façon dont la vulnérabilité physique et psychologique des enfants est abordée dans le contexte du voyage, a fortiori aux XVIIIe et XIXe siècles lorsque la mortalité des enfants était particulièrement élevée, et les voyages plus dangereux.

Genre. On pourra analyser la dimension genrée du voyage des enfants, en interrogeant la tradition du voyage comme école de la masculinité, et les possibilités offertes aux jeunes filles.

Culture matérielle. On pourra étudier la matérialité du voyage des enfants, en se demandant si l’enfant est un voyageur comme les autres, et étudier la construction de l’enfant voyageur à travers les objets qui l’accompagnent ou les modes de transport particuliers qu’il emprunte, ainsi que les vêtements qu’il porte. Cette culture matérielle se prolonge également dans les objets et souvenirs rapportés lors du voyage.
Culture visuelle. Les représentations visuelles d’enfants voyageurs (dessins, photographies, publicités, documents personnels et publics), qu’elles soient de leur main ou non, pourront également faire l’objet de propositions, ainsi que les productions visuelles réalisées par les enfants lors de leur voyage.

Réflexions méthodologiques. On pourra également proposer une réflexion méthodologique sur les outils, les enjeux et les défis de la recherche sur les voyages des enfants, qu’il s’agisse de problèmes pratiques liés à la localisation et l’exploitation d’archives, de considérations éthiques, comme dans le cas d’entretiens menés avec des enfants, ou encore de la prise en compte de biais anachroniques.
 

Mobilité

Pour le Forum Vies Mobiles, la mobilité est entendue comme la façon dont les individus franchissent les distances pour déployer dans le temps et dans l’espace les activités qui composent leurs modes de vie. Ces pratiques de déplacements sont enchâssées dans des systèmes socio-techniques produits par des industries, des techniques de transport et de communication et des discours normatifs. Cela implique des impacts sociaux, environnementaux et spatiaux considérables, ainsi que des expériences de déplacements très diverses.

En savoir plus x

Informations pratiques :

Procédures de soumission des communications

Les propositions de communications en anglais ou en français, d’une longueur de 300 mots, accompagnées d’une brève biobibliographie, sont à envoyer avant le 12 septembre 2025 à anne-florence.quaireau@univ-angers.fr et tom.williams@univ-angers.fr