Octobre 2015
Le croisement entre démarches scientifique et artistique donne lieu, depuis quelques années, à un nombre croissant de réflexions et de réalisations. Ces investigations se situent essentiellement dans le champ des mathématiques, de la physique ou de la biologie. On compte toutefois quelques mobilisations de l’art dans le champ des sciences humaines et sociales, pour sonder des phénomènes urbains aux côtés des méthodes plus classiques de la géographie et de la sociologie par exemple.
Depuis ses débuts, le Forum Vies Mobiles accorde une place importante aux apports de l’art à la compréhension des transformations de la mobilité. Il participe ainsi largement de cette dynamique d’hybridations entre méthodes artistiques et scientifiques.
Le Forum Vies Mobiles a apporté son soutien à la résidence scientifique et artistique Mob’huma’nip , qui s’est tenue du 1er au 5 septembre 2014 à Rezé (Loire-Atlantique). L’objectif de la résidence était de susciter des collaborations et des échanges sur l’appréhension sensible des pratiques et imaginaires de la mobilité dans les territoires urbains contemporains. .
Guillaume Logé, conseiller artistique du Forum Vies Mobiles, a participé à l’expérience. Il en a fait l’analyse sur son blog : https://fr.forumviesmobiles.org/guillaume-loge/blog/2015/06/23/retour-sur-lecole-thematique-mobhumanip-2906
Sandrine Depeau et Hélène Bailleul, organisatrices scientifiques de l’événement, ont également livré leur bilan de la résidence en commentant les résultats des ateliers proposés :
http://mobhumanip.forumviesmobiles.org/2015/05/12/retours-sur-latelier-iconographies/
http://mobhumanip.forumviesmobiles.org/2015/05/01/retours-sur-latelier-parcours-realite-augmentee/
Si le premier considère que la tentative de croisement est restée inaboutie, car trop centrée sur les apports de l’art à la recherche, les autres se félicitent de la richesse et de la diversité des productions issues de cette semaine de travail. Des chercheurs ont découvert de nouveaux protocoles d’analyse du réel comme le photomontage, grâce aux échanges avec l’artiste Alban Lecuyer. D’autres encore ont appris à prêter attention aux dimensions sensibles des déplacements, sous la houlette de l’artiste Mathias Poisson.
Pour le moment, le Forum Vies Mobiles a pris le parti de faire appel à l’art sous toutes ses formes - de la bande dessinée au cinéma en passant par les arts plastiques - selon une double logique :
Le Forum confie des recherches à des artistes ou à des équipes mixtes associant artistes et chercheurs. Les artistes s’autorisent à aborder des thématiques larges, voire existentielles. Ils déploient leurs propres méthodes de captation de la réalité, en accordant une attention spécifique aux sensations et aux émotions.
Les projets noLand's man, Contre-courants Tokyo ou CCMMP sont quelques exemples de ces recherches confiées à des artistes ou à des équipes mixtes.
Les œuvres d’art peuvent aider à formuler et à partager des résultats scientifiques, en tant que véhicules sensibles qui donnent à voir et donnent du sens. Elles permettent l’appréhension des sujets de façon plus immédiate que le discours scientifique, souvent difficile d’accès pour un public non académique.
Les ouvrages Tranches de vie mobile, incluant de la bande dessinée, et Réhabiliter le périurbain, qui accorde une large place à la photographie contemporaine, sont deux exemples d’une telle mobilisation de l’art.
Ces collaborations sont exploratoires : elles ne se font pas sans heurts ni tâtonnements. Comprendre les façons de faire de l’autre, échanger de manière équilibrée pour que chacun y trouve son compte et trouver un langage commun ne vont pas de soi. Mais le Forum Vies Mobiles pense que le défi mérite d’être relevé.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Que peut-on attendre des collaborations entre artistes et chercheurs dans l’appréhension des mobilités contemporaines ? Comment les rendre effectives, enrichissantes pour les uns comme pour les autres ?
Nous vous invitons à réagir sur cette page de blog, ou bien sur celles de Guillaume Logé et de Sandrine Depeau et Hélène Bailleul. Le débat est ouvert !
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