Alors que la mobilité occupe une place centrale dans les modes de vie contemporains, les habitudes ont été bouleversées par la crise sanitaire. L’immobilité a longtemps été prescrite autant que possible et le télétravail s’est imposé à une partie significative des habitants de la région Grand-Est qui sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur leur mode de vie. Avant le premier tour des élections régionales 2021, le Forum Vies Mobiles donne quelques pistes pour comprendre les nouvelles attentes des habitants en matière de modes de vie et de mobilité, grâce à une enquête menée mi-avril auprès de 1 000 habitants de la régions Grand Est.
Pour mieux connaitre les aspirations des habitants de la région Grand Est pour le futur et leur permettre de faire des propositions qui seront portées auprès des élus, un Forum Citoyen réunissant les habitants du Grand Est aura lieu les 2, 3 et 4 juillet à Saint-Dié des Vosges autour d’une thématique centrale pour le futur : Mobilité et travail.
Le Forum Citoyen est un dispositif participatif lancé cette année par le Forum Vies Mobiles dont l’objectif est de faire débattre 120 citoyens dans les territoires des enjeux des déplacements liés au travail dans les modes de vie.
Après un an et demi de crise, les habitants du Grand Est semblent avoir envie de changement pour leur « vie d’après ».
Ils sont ainsi 73% à vouloir ralentir leur rythme de vie au quotidien, à vouloir mieux le maitriser pour avoir davantage de temps à consacrer à eux-mêmes ou à leurs proches. Ils sont également plus d’un sur deux à souhaiter passer moins de temps dans le transport au quotidien qu’avant la crise (56%).
À titre individuel, 75% des actifs aimeraient avoir plus de flexibilité dans l’organisation de leur temps de travail. Et du point de vue collectif, 90% des habitants du Grand Est plébiscitent même l’idée de donner aux salariés la possibilité de maîtriser leurs horaires de travail par exemple par une gestion collective des plannings, en ayant plus de flexibilité sur les horaires d’arrivée et de départ, ou encore en imposant un droit à la déconnexion. Tout cela, dans le but de faciliter l’organisation de leur quotidien, la gestion de leurs déplacements et limiter leur stress.
L’enquête révèle que, au sein de la région Grand Est, jusqu’à un actif sur deux peut pratiquer le télétravail ou l’a fait au moins une journée par semaine en avril (51%). Ils sont même 30% à avoir pratiqué le télétravail 4 ou 5 jours par semaine.
Alors que le retour sur le lieu de travail se fait progressivement depuis le 9 juin, plus d’un actif sur deux (58%) souhaite pouvoir continuer à télétravailler au moins une journée par semaine chez lui ou à proximité de chez lui, dans un tiers lieu. On constate que ceux qui pratiquent le télétravail actuellement sont beaucoup plus favorables à voir sa pratique pérennisée (près des trois quarts favorables) que ceux qui ne le pratiquent pas (environ 40% favorables seulement). Le tester c’est donc pour beaucoup, y adhérer.
De manière générale, 86% des habitants de la région sont favorables (dont 36% très favorables) au fait de faciliter les conditions de travail à distance en rendant possible le télétravail à volonté et en créant des espaces de travail partagés dans chaque commune de plus de 5 000 habitants pour pouvoir aussi télétravailler à proximité de son domicile sans avoir à rester chez soi.
D’ailleurs, dans l’idéal, les trois quarts des actifs (75%) souhaitent pouvoir travailler à proximité de leur domicile c’est-à-dire à moins de 9 km de chez eux, soit à moins de 15 minutes en voiture ou 30 minutes à vélo. Ils sont même 26% à souhaiter travailler chez eux ou au pied de chez eux dans l’idéal.
Cette tendance est en fait plus importante et se confirme au-delà même du seul travail puisque les trois-quarts des habitants déclarent souhaiter vivre davantage en proximité à l’avenir, c’est-à-dire pratiquer l’ensemble de leurs activités quotidiennes proche de chez eux, voire à l’échelle de leur quartier (75%).
À rebours de l’image d’un territoire en déprise, les habitants du Grand Est ne sont que 20% à déclarer vouloir la quitter la région pour s’installer ailleurs (à titre de comparaison, 30% des Franciliens déclarent souhaiter quitter l’Île-de-France). Ils sont également 13% à déclarer vouloir déménager pour changer de cadre de vie et 15% aimeraient changer de logement mais rester dans le même quartier.
C’est chez les habitants des grandes villes que le souhait de déménager est le plus important (40%) et chez les habitants des petites villes, villages et des campagnes qu’il est le plus faible avec respectivement 28% et 14% de personnes qui déclarent souhaiter quitter leur cadre de vie actuel.
Plus de la moitié de ceux qui souhaitent déménager souhaiterait vivre dans une petite ville, un village voire à la campagne (53%). Néanmoins, la moitié d’entre eux souhaitent rester bien connecter à une grande ville ce qui permet par exemple de pratiquer le télétravail loin des centres-villes et de se rendre sur son lieu de travail occasionnellement sans difficulté. Logiquement, c’est le centre des grandes villes qui attirent le moins : seuls 8% déclarent qu’ils aimeraient s’y installer.
Les habitants du Grand Est se montrent enthousiastes vis-à-vis des mesures proposées dans cette enquête dans des proportions inattendues.
Afin de favoriser la vie en proximité, ils plébiscitent une répartition plus équilibrée des emplois, services, commerces et équipements pour pouvoir vivre, travailler et réaliser leurs activités du quotidien le plus possible près de chez eux : 92% y sont favorables dont 40% très favorables.
Dans les mêmes proportions, ils sont favorables à ce que les entreprises, les commerces et les logements soient installées en priorité dans des lieux accessibles en transports collectifs, à pied ou à vélo. L’utilisation de la voiture apparait de ce fait comme un mode choisi à défaut lorsqu’il n’existe pas encore de réelle alternative : 90% favorables dont 37% très favorables. Afin de permettre de se passer de la voiture individuelle au quotidien, les habitants de la région souhaiterait voir mis en place un système complet et efficace combinant les transports collectifs, les itinéraires de marche et de vélo : 87% favorables dont 36% très favorables.
Et si la voiture reste nécessaire pour certains trajets dans une région aussi vaste que le Grand Est, alors les habitants se montrent favorables à l’idée de faire de leur territoire un leader dans la production de petits véhicules moins polluants en transformant l’industrie locale : 88% favorables dont 33% très favorables.
Enquête réalisée par BECOMING pour le FORUM VIES MOBILES du 5 au 13 avril 2021, auprès de 1 004 habitants du Grand Est, représentatifs des habitants de la Région Grand Est en termes de sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, département par la méthode des quotas. L’échantillon a été interrogé via un recueil en ligne, sur panel.
Exercice d’une activité salariée hors des locaux de l’entreprise, à domicile ou dans un lieu tiers pendant les horaires de travail habituels et nécessitant d’avoir accès à des outils de télécommunication.
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