Dans 5, 10 ou 20 ans… Beaucoup prédisent l’arrivée, plus ou moins rapide mais inéluctable, des véhicules sans conducteur dans nos vies. Mais, que ce soit en ville, à la campagne, sur les routes ou dans les airs, qu’attendent les citoyens d’une généralisation de ces véhicules en France ? Alors que la mobilité est au cœur de nos vies et qu’un bouleversement de notre système de déplacement est peut-être en train de se préparer, la question doit être posée. À l’initiative de Missions Publiques, le Forum Vies Mobiles s’est associé à une dizaine d’autres partenaires pour organiser des débats citoyens qui se sont tenus sur cinq territoires en France en janvier 2018.
Véhicules sans conducteur, voitures volantes, robots-pilotes… depuis des décennies de tels véhicules voyagent dans les œuvres de science-fiction et dans nos imaginaires collectifs. Cet imaginaire s’insinue progressivement dans la réalité. Des véhicules sans conducteur sont en train de s’installer dans nos territoires sans que le grand public en soit toujours conscient. Des métros, navettes fluviales ou encore routières sont déjà autonomes.
Mais alors, si le sujet n’est pas nouveau et qu’il est déjà une réalité que nous côtoyons parfois, pourquoi s’y intéresser aujourd’hui ?
Parce que de grands changements sont peut-être à venir et que leurs impacts pourraient être considérables.
L’arrivée des véhicules autonomes dans nos territoires ne sera-t-elle qu’une nouvelle étape du progrès de l’automobile et des transports ? Ou, plus qu’une innovation, ce sera une révolution qui impactera fortement notre modèle de société ? Et si tel est le cas qu’en attendent les citoyens ? Au service de quel(s) changement(s) ou transition(s) souhaitons-nous mettre le véhicule autonome ? C’est le moment de s’interroger sur les conséquences possibles du déploiement de cette technologie dans les rues. Par exemple, si nous avions anticipé que le développement du système automobile tel qu’on le connait aujourd’hui aurait pour conséquence de priver les enfants d’un accès sûr à la rue, aurions-nous fait les choses de la même manière ?
À l’initiative de Missions Publiques, le Forum Vies Mobiles (Think tank de la mobilité soutenu par SNCF) s’est associé à une dizaine de partenaires* et a lancé, le 27 janvier dernier, le 1er débat citoyen sur l’avenir des mobilités avec l’arrivée des véhicules autonomes. Plus de 350 personnes se sont réunies à Conflans, La Rochelle, Rennes, Toulouse et Sophia Antipolis pour échanger et confronter leurs avis sur les avantages et les inconvénients possibles de la voiture autonome.
Le véhicule autonome peut devenir un outil de transformation de notre système de mobilité en favorisant un triple renoncement : la conduite, la possession et l’autosolisme. Mais si les citoyens sont prêts à opérer ces changements, c’est à condition que les pouvoirs publics encadrent le développement du véhicule autonome pour aller vers une mobilité plus inclusive et plus sûre, dans un cadre de vie plus agréable.
Les participants ont souligné tout ce que le véhicule autonome pourrait apporter de positif, aussi bien du point de vue individuel (le temps libre dégagé, la possibilité de se divertir ou de se reposer durant le temps de trajet…) que collectif (la réduction des accidents sur la route, l’accès aux véhicules pour les personnes à mobilité réduite…).
Mais ils ont également soulevé de nombreux points de vigilance : limiter les impacts sur l’environnement, encadrer les risques pour l’emploi , assurer la protection des données, s’assurer qu’il ne s’agisse pas d’un produit de luxe qui accentuerait les inégalités face à la mobilité et surtout, que le développement du véhicule autonome ne soit pas synonyme d’une dégradation de la qualité de vie en ville et à la campagne (pollution locale, sonore ou visuelle).
Les débats nous montrent que les pouvoirs publics sont très attendus en tant qu’organisateurs et régulateurs de cette nouvelle technologie. À travers le travail qui leur a été demandé sur différents scénarios, on voit que les citoyens craignent que, si rien n’est fait pour encadrer et orienter le développement du véhicule autonome, celui-ci ne devienne qu’une version luxe de la voiture telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ils s’inscrivent contre une politique du « laisser faire » ou contre la logique selon laquelle « il faudrait s’adapter » à l’arrivée inéluctable de la technologie.
Et pour cause, pour les citoyens, pas question de faire du véhicule autonome un gadget réservé aux plus riches. Pas question non plus que ce véhicule vienne simplement s’ajouter au trafic automobile actuel. En fait, il intéresse les citoyens s’il est au service d’un changement plus global dans l’organisation de notre mobilité. Et ce sont les pouvoirs publics qui sont très attendus en tant que garants de ce changement.
Pour organiser ce changement, les pouvoirs publics pourront s’appuyer sur les citoyens, qui apparaissent prêts à opérer de nombreux changements dans leurs façons de se déplacer et dans leurs modes de vie.
À la question sur les changements de comportements qu’ils envisagent dans le cadre de l’arrivée des véhicules sans conducteur :
Ces changements sont néanmoins conditionnés par deux éléments majeurs : conserver la liberté de se déplacer « quand je veux où je veux » ; se voir proposer un système qui soit sûr et souple. Le service doit pouvoir être disponible rapidement, à toute heure, et en tout lieu.
Les participants ont également insisté sur l’importance de pouvoir choisir entre différentes solutions multiples et complémentaires les unes des autres. Chacun peut choisir, selon le lieu, le moment et son besoin, le mode de transport qu’il va utiliser : des véhicules individuels sans conducteur ; des véhicules partagés à la demande ; des transports collectifs avec et sans conducteur ; mobilités douces (marche à pieds, vélo)…
Cela offre une belle marge de manœuvre aux pouvoirs publics pour imaginer un système hybride autour du véhicule autonome et sortir de l’alternative encore dominante : véhicule individuel VS transports en commun.
La production du débat est assurée par Missions Publiques, agence spécialisée dans l’organisation de débats citoyens en lien avec les processus politiques, à l’échelle locale, régionale, nationale ou internationale. Pour mener à bien ce débat, une coalition d’acteurs a été mise en place par Missions Publiques : collectivités locales, institutions, centres de recherche et partenaires privés. Le Forum Vies Mobiles est un des partenaires du débat et est à ce titre présent au sein du comité de pilotage. Il est également présent au comité scientifique de la démarche en tant qu’expert de la mobilité.
Les autres partenaires :
Les collectivités :
Le Ministère :
Les Sociétés :
Les instituts de recherche et think tank d’entreprise :
Dans les médias :
La tribune du Forum Vies Mobiles dans Le Monde
Les recherches sur la transition s'intéressent aux processus de modification radicale et structurelle, engagés sur le long terme, qui aboutissent à une plus grande durabilité de la production et de la consommation. Ces recherches impliquent différentes approches conceptuelles et de nombreux participants issus d'une grande variété de disciplines.
En savoir plus xPour le Forum Vies Mobiles, la mobilité est entendue comme la façon dont les individus franchissent les distances pour déployer dans le temps et dans l’espace les activités qui composent leurs modes de vie. Ces pratiques de déplacements sont enchâssées dans des systèmes socio-techniques produits par des industries, des techniques de transport et de communication et des discours normatifs. Cela implique des impacts sociaux, environnementaux et spatiaux considérables, ainsi que des expériences de déplacements très diverses.
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