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Entre exposition publique et rapport à l’effort : les corps en mouvement des cyclistes âgés

Recherches en cours
Début: Novembre 2021
Fin: Février 2024

Alors que le vélo apparaît comme une alternative écologique à certains usages de la voiture, l’objet de la recherche est d’expliciter les motifs de la moindre pratique du vélo chez les personnes âgées de plus de 60 ans et de réfléchir aux possibilités d’y remédier. La recherche s’intéressera particulièrement à la manière dont la représentation des corps et le rapport à l’effort, particulièrement significatifs lorsque les capacités physiques et cognitives déclinent, influencent leur rapport à la pratique du vélo.

Acteurs de la recherche

 

Contact : Adrien Bonnet

La recherche

La pratique du vélo des personnes âgées rejoint à la fois des objectifs environnementaux – favoriser les modes actifs au sein de la population en général – et des objectifs sanitaires – favoriser l’activité physique chez les personnes âgées. Étudier le rapport au vélo des personnes âgées répond ainsi à des enjeux de politiques publiques importants.

Dans l’aire métropolitaine lyonnaise, en 2015, les 65 ans et plus sont ceux qui utilisent le moins le vélo par rapport aux autres catégories d’âge. S’appuyant sur la définition des modes de vie proposée par Luca Pattaroni 1, Alexandre Rigal émet deux hypothèses pour expliquer cette faible pratique. Il suppose d’une part que les valeurs et les représentations d’une bonne vie des personnes âgées les dissuadent d’utiliser le vélo : leur génération est celle qui a connu l’essor de la voiture et son expansion massive au sein de la population et ils ont une propension à utiliser la voiture supérieure à celle des autres classes d’âge. D’autre part, il postule que les capacités et le rapport à l’environnement des plus de 60 ans sont problématiques pour circuler à vélo, le déclin de leurs capacités cognitives et physiques et l’enjeu de la représentation de leurs corps influant négativement sur leur pratique.

Pour décrire ces corps cyclistes, Alexandre Rigal s’appuiera sur la notion d’unité véhiculaire, développée par Goffman, pour analyser la manière dont le corps stigmatisé des cyclistes âgés est exposé aux regards des autres et mettre en lumière l’importance de ne pas se trouver dans des situations embarrassantes pour sauver la face et être respecté.

Cette approche sera complétée en mettant l’accent sur l’expérience, construite socialement, des efforts physiques et cognitifs nécessaires pour se déplacer à vélo sans moteur. Le rapport à l’effort sera appréhendé à travers trois dimensions : la minimisation, la distraction et l’entraînement. D’abord, la pratique du vélo, la conception des véhicules et des infrastructures peuvent répondre à une volonté de réduire au maximum les efforts nécessaires pour déployer ses pratiques. Ensuite, des efforts peuvent être valorisés non pas pour eux-mêmes, mais parce qu’ils sont vecteurs de distraction, par exemple en prenant place dans un cadre agréable ou ludique. Enfin, l’entraînement à l’effort peut permettre de le percevoir positivement.

La recherche permettra d’obtenir une vision précise des capacités de corps de plus de 60 ans par rapport à la pratique du vélo, en tenant compte des contraintes liées aux normes corporelles et aux modes de vie en général. L’objectif est de décrire des pratiques du vélo en lien avec des modes de vie situés, c’est-à-dire des programmes d’activités. Elle permettra d’expliquer la faible pratique du vélo chez les personnes âgées et comment elle pourrait être encouragée.

La méthodologie

La recherche se déroulera en trois temps. D’abord, un état de l’art sera mené sur le rapport à l’effort et au corps et la mobilité des personnes âgées. Ensuite, une enquête quantitative conduite dans la métropole de Lyon devra permettre d’identifier l’importance de la représentation du corps et des capacités cognitives et physiques dans l’usage et le non-usage du vélo chez les personnes âgées, en établissant des différences selon l’âge des personnes enquêtées. Des cyclistes et des non-cyclistes seront interrogés et leur profil, leurs pratiques de mobilité, leurs aspirations, leur apprentissage du vélo et leurs pratiques cyclistes seront analysées. Enfin, l’étude sera complétée par une enquête qualitative pour interroger les expériences de l’effort et des limites cognitives, l’importance du regard des autres, l’expérience des néo-cyclistes et des cyclistes confirmés.

Les résultats sont attendus en 2024.


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